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Délires gnossiens

19 juin 2010

Humanoïdes femelles

Et toujours faire gaffe à ce qu'un blaireau n'est pas l'idée de faire un mauvais pas.

J'ai l'impression d'être dans un self.

-Mais j'arrête pas 'te dire que t'aurais jamais dû, p'tit micmac !

-Attends, attends ! J'ai quand même eu des voix à cette foutue élection !

-Mais ketchi ! Tu t'es pris une jolie branlée !

-Toi, j'te jure, un de ces quatre... ! Oh, et puis zut à la fin. Zut !

-Wolà ! On se calme, messieurs ! Parce que ce s... attendez, vous avez pris quoi à boire, là ?

-Martini blanc.

-Une Faro ! Y'a que ça d'vrai !

-T'aurais pu prendre mieux comme bière !

-T'as beau être l'Empereur, j'ai pas de conseils à prendre de la part d'un type qui a pris... du coca ?

Du pepsi.

-Ouais, c'est pareil.

Oh purée... fermez là, vous ! Fermez là !

-Non ! C'est pas pareil, excusez moi !

Et allez...

-Eh, les gars, vous l'avez vu ce détournement de Mozinor ?

-Lequel ?

-Celui avec Rambo ?

-Non, avec Michael Jackson !

Vous êtes vraiment, vraiment lourd !

-Aaaaaah, ouais ! Trop bon 'c'lui là !

-Quoi, tu voulais faire comme lui ?

-Ouais, mais c'est pas toi qui pourra lui « défoncer la rondelle » !

-Lèche cul !

-Quoi, t'aimerais ? Ca peut s'arranger tu sais...

Un nouveau genre dans la sexualité.

-Et tu sais pas encore c'que c'est que d'le faire avec Rachel !

-Rachel... de « Friends » ?

-Nan, nan !

-Bon ! Ca déconne trop dans les rangs là !

-Et allez, Sa Majesté s'la raconte...

-A vos ordres, Altesse !

-Ce soir, on trouve une copine à Etienne !

Mieux que meetic, trouvez vous des zombies pleins de tiques...

-Pas terrible.

Quoi ?

-La rime.

J'fais avec c'que j'ai, hein.

-Ouais... bon, tu pars en repérage ?

-Qui ?

-Ben toi, couillon !

-Putain, à chaque fois, c'est micmac qu'on envoie !

-Comme tu dis !

-Et allez... le premier qui touche à mon verre, j'lui fous un bulletin de vote dans l'urne !

Il l'a vraiment mauvaise.

-Tu l'as dit ! Ca fait plus cent-cinquante balais !

-'même temps, hein, il avait ses chances.

-Pas face au Bonapartisme ! Vive l'Empereur !

Ca lui a pas suffit de crever pour vous en Crimée ?

-Jamais assez pour l'Empereur !

-Tu sais, Etienne, on s'y fait.

C'est la moustache. Je présume.

-Pas que !

Bon, c'est quoi votre plan magique ?

-On attend le rapport de l'ami micmac, et après, on avise !

Wouaaah... et on a perdu la guerre en 1870 ?

-'foirés de boches !

-Ouais, t'y étais pas, tu sais pas c'que c'était.

J'apprends, j'apprends...

-Et il est parti où ?

-Ch'ais pas, dans le couloir des chiottes j'crois.

-Rha, mais je lui ai dit une chique fille quand même !

-Ah non, t'avais rien dit, 'pas pour prendre sa défense.

-Tu veux pas aller lui dire ?

-Eh, 'pas que ça à foutre moi !

-T'as quoi, sinon boire ta bière qui ressemble plus à du cidre qu'autre chose ?

-Wolà ! T'insultes encore une fois la Faro, et... je... !

Mutinerie ?

-L'alcool, c'est sacré.

Vous inquiétez pas, 'suffit de rappeler la formule magique.

-Laquelle ?

Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale...

-Empereur des Français ! J'y vais, j'y vais !

-Eh, pas bête comme truc !

Vous en avez encore beaucoup ?

-De quoi ?

Des types comme ça.

-Pléthore !

Ouais, en fait, Victor Hugo, rien du tout, en fait...

-Ben... ses bouquins restent, mes fidèles sont morts.

Ah. Merde alors.

-Ca reviendra.

Comment ça ?

-La République, c'est bidon. Vous finirez par avoir un Empereur.

Un peu chaud, le dernier Bonaparte, il est au MoDem.

-Ah. Merde alors.

Ca reviendra ?

-Ouais, comme tu dis. Murat, il a eu des fils ?

Cavaignac et Saint-Arnaud sont de retour.

-Non, non, non ! Je regrette, mais c'est pas parce que je vais voir en premier les filles dans les chiottes que je suis pas un politicien de talent !

-Tout est lié ! Tu captes toujours pas ?

Ca finit jamais entre eux ?

-Jamais.

Ca doit être lourd.

-On s'y fait.

Quand vous aurez deux minutes, rappelez moi un truc.

-Quoi ?

De ne pas mourir.

-J'essaierai. Bon, messieurs, au rapport ?

-Oui, Votre Majesté Impériale ! On a une cocogirl en train de dégobiller dans le trou de l'otarie !

Charmant.

-Attends, elle est châtain clair !

Hein ?

-C'est quoi le rapport ?

-Ben ! Comme Eugénie !

Oh bordel. Mais qu'ils sont lourds !

-Eh ! C'est lui, moi j'aime pas spécialement les châtains clairs !

-Ouais, mais c'est quand même toi qui est allé dans les chiottes en premier, non ?

-J'arrête pas d'le dire, c'est à cause de sa défaite...

-Ta gueule ! T'entends, ta gueule !

Rholala... il est où ce con à l'harmonica ?

-Stop ! On s'calme ! Sinon, celle là, elle va tomber, et quand elle tombe, elle fait mal !

Vous parlez de votre moustache ?

-Hein ?

-De quoi ?

-l'est con lui, alors.

-De ma moustache ?!

Pardon. C'est le premier féminin que auquel j'ai pensé en vous regardant.

-C'est vrai, 'pas très discret.

-Mais je levais ma main en l'air !

La moustache cachait.

-Oh putain. A ce point ?

Ah, c'est flippant, je vous assure.

-T'en fais, 'poléon, l'amidon, ça assure !

-Ouais, voilà un des arguments électoraux...

-Bon ! J'en ai marre, j'peux jamais en placer une !

Pas évident, aussi.

-Micmac, tu vas nous réperer des filles célib', et pas dans les chiottes !

-Rho, mais encore moi ?

-Ouais.

-'fait chier à la fin !

-Ouais.

Soyez pas trop dûr avec lui, quand même...

-Ah, ben, tu l'as veux ta copine ?

Techniquement, j'ai plus l'impression que vous me l'imposez.

-T'en as envie !

J'imaginais pas que Napoléon III viendrait me filer un coup de main pour ça !

-Ah, pourtant, t'es capable de faire des tas de trucs : la dernière fois, tu m'as déboûché mon lavabo, un truc de guedin !

-Aaaaah, le destop !

Vous prenez toujours les phrases mot pour mot ?

-C'est un genre qu'on s'donne, mais t'inquiètes, j'ai bien compris ton problème.

Ah ?

-Ouais, c'est pour ça, que c'est toi qui ira la draguer !

Oui, jusqu'à là j'imaginais pas que vous puissez vous matérialiser et... attendez, vous pouvez ?

-'faut demander dérogation à la Faucheuse.

-'pas commode la Faucheuse...

-Ouais, Aude, elle est cool !

Surtout, n'allez pas la voir. Ne vous donnez pas cette peine.

-Quoi, t'aimerais pas que je sois de retour ?

Non, non, on a un descendant, tout baigne !

-Euh... t'avais pas dit que... ?

-Eh ! Les gars ! Trois ! Y'en a trois !

-Trois quoi ?

-Trois célib' ?

Trois... normales ? Enfin ?

-Trois filles ?

-Trois célib' ?

Vous l'avez déjà dit...

-Ah ouais. Pardon.

-Euh, non, non, j'parlais de bouteilles de Martini...

-Oh ! Mais le baltringue !

-C'est pas vrai !

Pouvait pas l'être...

-Mais, non, bande de blaireaux : trois humanoïdes femelles de type célibataire !

-Woho !

-P'tit blagueur !

Il s'y connait en blagounettes...

-Ah ouais ? 'genre ?

1848...

-Oh, tu vas pas t'y mettre toi aussi !

-Bon ! Elles sont où ?!

-Une à six heures, une autre encore à neuf et la dernière à treize !

Quoi ?

-Langage de militaires !

Et merde, j'avais oublié que même lui...

-Wouokey monkey ! Montre nous ça !

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14 avril 2010

Vous voulez du micmac ?

De la musique.

Du bruit.

Du monde.

L'ambiance d'un bar.

Bon et maintenant ?

-J'pense que tu peux parler, vu le monde qui y'a.

Justement, pas vraiment l'intention de passer pour un dingue devant tous.

-Je croyais que tu t'en foutais ?

On a qu'à dire que je suis un homme compliqué.

-On ne l'est pas tant qu'on a pas fait son premier coup d'Etat !


Sans m'attarder sur cette réflexion bonapartiste, mon regard se porte sur deux individus.

Ils sont assis dans un coin.

Et eux aussi, ils sont du même aspect spectral.

-Oh ! Mais voyez vous donc !

Quoi, même ici vous ramenez vos potes ?

-J'en ai marre de t'étonner. Vraiment, ça devient lassant.


Les deux hommes se retournent vers nous.

Ils nous font signe.

-Eh ! 'poléon !

-Po-po-po-po-léon !

-Les gaaaaaars !

Nom de dieu... ne me dites pas que ?

-Permets moi de te présenter micmac et Armand !

Armand de Saint-Arnaud ?

-Oh ça va, 'genre, sous prétexte que j'ai perdu la présidentielle, on ne se souvient même pas de moi !

Ah, mais... eux aussi.

-Forfait impérial.

-Mais t'en fais pas micmac ! On t'en veut pas de pas avoir fait 1851 avec nous !

Micmac ?

-Eugène Cavaignac, ex-futur président de la République, j'te prie !

-T'encaisseras jamais les 75%, hein ?

-Et qui ça, alors, 'poléon ?

-Une de celles que l'on nomme « Woo girls », je présume.

-Mais non ! J'le vois bien que c'est une bimbo de mortelle, mais j'te parlais de ton pote là, tu nous présentes pas ?

C'est vrai que vous pourriez.

-Ben, je t'ai présenté non ? T'as Eugène là, et Saint-Arnaud ici.

Que vous êtes lent ! Présentes moi, moi !

-Aaaaah... Bon, ben, les gars, je vous présente Etienne, ou, « l'homme qui n'était pas foutu de se présenter lui-même ».

Vous me les brisez. Mais sévère là.

-Le prends pas mal, il te taquine ! Il est comme ça « notre » président !

-Rho, eh ! 'pas bientôt fini de me rappeler 1848 !

-Mais micmac ! Toi aussi on te taquine !

-Ouais, ben, moi, j'suis pas mort en Crimée !

-Quoi ?! Mais moi, au moins, je l'ai faîte la Crimée tiens ! Je l'ai faîte, môsieur Cavaignac !

-Ouais, ben, je préfère ma mort, hein...

-Que tu dis, moi, au moins, on dit de quoi, mais toi, sur wiki', y'a écrit : « mort subitement ».

-Ils devaient parler de la bouteille !

-Rha... ce que vous m'gavez !

Euh, dites moi, hein, si j'vous emmerde, 'manière que je vous amène un mars et un coca.

-Non, ça va, on a déjà pris un martini.

-Sans olive pour moi.

-Avec ! C'est pas très impérial sinon !

-Mais ! Bordel, je suis pas bonapartiste moi !

-Baltringue !

-Bon, messieurs ! Messieurs ! Silvouplait, votre attention, et faîtes donc une place à mon ami Etienne.

D'où qu'on est ami ?

-Teigneux ton mortel dis donc !

-Ouais, on dirait. Un peu comme l'autre là, Alphonse...

-Lui, au moins, tu l'auras battu !

-Tu dis un peu trop « au moins », tu le savais ça ?

-Et toi, tu savais que tu avais perdu les élections ? Mouaha !

-J'vais t'en foutre une dans le pif moi des élections !

-Vas-y, j'te ferai goûter mon bulletin... blanc. Le bulletin, héhé.

-Messieurs !

Putain, vous foutez en l'air tout le respect que j'ai pour ces gens là.

-T'en as tellement que t'es pas fichu de me nommer avant cet ostrogoth !

-Techniquement parlant, il ne t'as pas encore appelé... vous voulez du micmac ?

-Choisissez Cavaignac ! Bon, messieurs !

-Vas-y, on t'écoute.

-La parole est au premier président de la République française !

-Oh, mais tagueule à la fin !

-Bon, ça suffit maintenant !

'sont lourds à la fin.

-Ouais, c'est vrai, on le sait qu'il les a pommé !

-Mais... quand est-ce que ça va finir, bordel ?! Allez faire chier Changarnier à la place !

-'moins drôle. Et tu le sais.

-'me fait pas rire moi !

-Allez, fais pas la gueule !

-Oh ! J'peux en placer une à la fin ?

-Vas-y, on t'écoute...

-La parole est au premier prés... !

-Ferme la !

-Bon ! Ce soir, je voudrais que vous me filiez un coup de main !

-A quoi ?

A quoi ?

-A quoi ?

-Ce soir, mon ami Etienne, ici présent !

-C'est ton ami ?

Je suis pas son ami.

-Je pensais que c'était moi, ton ami !

-Ce soir ! Etienne... « l'homme qui n'était pas foutu de se présenter lui-même », va se trouver une copine !

-Wouaiiiiiiis !

Hein ?!

-Mais pourquoi tu fais ça, toi, tu viens à peine de le rencontrer Etienne ?

-C'hais pas, j'trouve ça cool.

-Baltringue.

-Ouais, ben, moi, au moins, j'ai pas perdu...

-Ta gueule !

Attendez, de quoi ? Vous voulez me trouver une copine ?

-Il est un peu lent.

-Lent... comme une lanterne ?

-'bruti.

-Etienne, ce soir, tu dois découvrir ce que c'est que les jolies bras d'une femme !

-Et tu dis ça après avoir épousé Badinguette ?

-Qu'est-ce tu dis sur l'Impératrice, là ?!

C'est bien gentils tout plein, hein, mais j'ai pas besoin de vous pour ça...

-Que tu dis ! Mais d'abord, on va aller se raffraîchir le gosier, après quoi, on ira à la chasse !

-Ouais, t'as déjà repéré une woo !

-Oh, non, pas une woo !

-Ben quoi ?

-Peut pas les blairer.

-Pouurquoi ?

-Elles ont un look de blaireau.

-Un blaireau, ça fait... « woooo » ?

-Sans doute.

-Aucun doute, c'est toi qui l'est.

-De quoi ? La woo ?

-Non, non.

-Bon ! On revient, on va se payer à boire !

-Ouais, on vous fait deux p'tites places ! Et après, on attaque !


Sérieux, là, vous avez pas mal de choses à m'expliquer.

-Ok, ils sont un peu spéciaux... mais c'est des bons gars, vraiment.

J'pensais pas à eux.

-Ouais, mais tu sais, ils s'engueulent tout le temps, alors...

Qu'est-ce que ça doit être entre vous et Hugo !

-Hmmm, ça va mieux qu'on ne le pense. Bon, à saute-mouton, il est pas très fair-play.

Ah oui, le saute-mouton avec Bismarck.

-Et avec Victor !

Bon, une question après l'autre. Comment ça se fait que personne ne s'asseoient à leur table ?

-Comment ça ?

Ben, si personne ne les voient, la table est libre. On est là, complétement serré aux uns et autres, et on laisse une table à quatre places ?

-Hmmm... sympa la musique. C'est quoi ?

-Bloc Party. Bon, vous me répondez ?

-Tu viens de parler !

Eh merde.

-Sympa comme tout ! Ca bouge bien !

Vous parlez, on risque à chaque fois de se faire renverser de l'alcool dessus !

-Pas de risques !

Hein ?

-''Un cheeseburger...et un coca !''

Mais de quoi êtes vous en train de parler ?

-''Mais il est où lui ?!''

Là, vous me faîtes peur !

-''Il est entré là, et il m'a défondé la rondelle'' !

Bon, restez là, j'm'en vais.

-Mais bordel ! C'est Mozinor !

Oh, nom de d...

-Le détournement avec Jackson !

Super. Le rapport avec l'alcool renversé ?

-Ben... j'vais prendre un coca !

Et un cheeseburger ?

-Y'a pas ici. 'fin, j'crois pas. Si ?

Non, y'a pas.

-Donc, j'en prendrais pas.

Et vous allez m'expliquer pour les deux pecnauds, là ?

-Forfait impérial !

La réponse à tout, hein ?

-Ca évite bien des explications, c'est vrai, mais ce soir ! Ce soir, tu vas t'éclater comme un dingue !

Déjà bien parti, je le deviens.

-Bon, alors, on se prend quoi ?

Vous avez de quoi payer ?

-Non, mais toi, oui !

Vous aviez dit que vous vous débrouilleriez !

-Non, j'ai dit qu'il ''fallait pas s'en faire pour moi''.

Oui, ben voilà.

-On s'en fait pas, parce que j'ai mon vieux pote Etienne avec moi !

On est pas pote !

-Mais si !

Non !

-Mouaaaaaallez !

Non, bordel, non et non ! On l'est pas !

-On l'est pas.

Voilà.

-Si tu me payes à boire.

Allez vous faire foutre.

-Mouaaaaaallez ! 'faut que j'aille chercher mon saxophone ?

Quoi ?

-J'ai pas d'harmonica.

Le barman est à peine visible.

Pour se faire servir, il faut passer la main entre les épaules.

Et cette musique... on ne s'entend pas.

-Mais arrêtes tes conneries ! Amuse toi un peu !

Et donc, c'est ça votre projet,  me trouver une copine ?

-J'ai pas plus captivant sous la main. Ca f'ra l'affaire, tu ne crois pas ?

Encore une fois, j'ai pas besoin de vous !

-C'est ça. Bon, prends nous un... coca et un martini.

Pour qui le martini ?

-Pour toi banane, j't'ai dit que je prenais un coca moi.

Ils ont que du pepsi ici.

-Et merde, ni coca, ni cheeseburger !

Bon... j'vous en prends un quand même ?

-Ouais, vas-y.


-Ca arrive, ça arrive ! Miss ? Et une vodka caramel, une !

-Excusez moi...

-Sarah, tu veux bien encaisser monsieur là ?

-Excusez moi ?

-Et une Faro' ici ! Une !

-Excusez moi ?

-Eh, mais bordel, tu comptes t'imposer ou pas là ?

-Foutez moi la paix, voulez vous ?

-Mais gueule bordel ! Tu veux à boire !

-Eh ! Je veux un martini ! Et un coca !

Tout le monde s'est retourné.

Mais c'est pas vrai, c'est pas vrai.

-Bon, t'aurais pu un peu mieux gérer que ça, m'enfin.

-Un martini... ?

-... blanc.

-On a pas de coca, seulement du pepsi.

-Je prends.

-C'est noté. Mais la prochaine fois, sois partient, hein...


La honte, mais la honte !

-T'en fais pas, t'en fais pas. L'important, c'est de faire le plein de carburant. Bon, le truc, c'est que maintenant, 'va pas être simple de te trouver une fille qui accepte de parler à un mec qui hurle son besoin en coca...

Je vous hais.

-On m'a souvent dit ça.


-Et voilà pour toi ! 7,60 € s'teplait.

-Pardon ?

-7,60 € !


La musique le force à compter sur ses doigts.

Il ne doit plus avoir de voix.

-Ah, ok, ok, je vous donne ça.

-Toujours Bloc machin là ?

Hmmmm... ça, non, je sais pas.

-Tu sais rien !

Mais bouclez là !


-Et ta monnaie !

-Merci !


-Allons retrouver les gars !

Combien de temps ça va durer tout ça ?

-Mais t'inquiiiiètes ! Ce soir, ça babouine !

Oh bordel.

-Ca babouine sec !

7 avril 2010

"Clooooooope" !

Bon, on va où ?

-C'est bon, t'as pris de l'argent ?

Oui. Vingt euros, ça devrait suffire.

-Prends quarante.

Mais pourquoi ? J'dois vous payer à boire en plus de ça ?

-Oh, t'en fais pas pour moi. Mais prends en plus.

Hmmm ? Vous croyez que je vais me contenter de ça ?

-Fais moi confiance.

Euh... Non.

-Allez !

Non.

-Silteplait !

Dites ''maître''.

-Hein ?!

Ouais, après tout, tiens, ouais, dites ''silvouplaît, maître''. 'manière que j'me sente un peu comme Aladdin avec le génie.

-Ou, ou alors hein ! ''Si Ali Baba a quarante voleurs, shérazade, mille histoires de coeur. Toi, Maître, tu es encore bien plus fort, car tu possèdes un truc qui vaut de l'or !''

Arrêtez ça tout de suite !

-''Tu as le pouvoir, enfile tes gants, Allume la mèche, et tu seras gagnant. Ça va faire boum ! Au feu ! Tout ce qui te chante, tu peux l'avoir en frottant cette lampe !''

D'accord ! D'accord, je prends les quarante !

-Ben voilà. Gros malinois, va.

Ne recommencez plus jamais !

-''Je suis ton meilleur ami'' ?

Et ni le rêve bleu ou encore l'arrivé à la cité, là.

-Agrabah.

Non, je ne prends pas de reçus.

-Voilà, quarante euros.

-Attention ! Tu t'es mis à parler !

Eh merde. Ca va pas être simple.

-Tu croyais quand même pas faire un sans faute du premier coup ?

J'ai de l'ambition.

-Ouais. Moi aussi, j'en avais.

C'est Sedan, hein ?

-Pas que. Pas que !

Donc ! On va où ?

-C'est par là !

Faîtes gaffe aux voitures ! Eh !

-Ben quoi ?

Vous r'gardez même pas ?

-Pourquoi je regarderai ?

Les types comme vous s'en foutent de se prendre une bagnole ?

-Dis moi, vieux jimbolt, t'as toujours pas pigé que je peux passer par où je veux ?

J'ai pas encore toutes les notions du forfait impérial.

-Bon, alors, la première clause du contrat que tu passes avec...

Non ! Taisez vous ! J'men fous !

-Alors, tu me suis ?

Attendez, deux secondes, vous m'aviez dit que vous êtiez mort.

-Ouiiii... ça t'étonne Elton ?

Non, mais ! Quand j'vous ai demandé ce que vous étiez !

-Mort.

Et là, vous me ditez que vous pouvez passer sans craindre les voitures ?

-Parce que je suis mort.

Mais c'est un ectoplasme qui fait ça !

-Ok. Maintenant, question : qu'est-ce que ça peut bien te foutre ?

Euh...

-Parce que, admettons que je sois un ectoplasme, ou un zombie, ou encore un Léon Blum, je suis mort. Tu sais ce que ça veut dire ?

-Voilà. Quand t'es mort, tu crains plus la vie ! Alors, ta bagnole... ''je m'en frotte le dos'' !

Oh bordel ! Je vous ai dit de ne plus recommencer !

-Allons-y, tu veux ?

Traversons donc. Traversons.

Nous voici à la place des Carmes.

Comme chaque vendredi soir, il y a du monde, l'alcool soutenant les écharpes contre le froid.

Ce qu'il fait froid !

-Ah ouais ?

Quoi, vous ne ressentez pas ça non plus ?

-Clause n°32 du CPALF : ''le choix de la température ressenti revient entièrement au cocontractant''.

J'ai preque envie de dire que c'est une clause abusive... CPALF ?

-Contrat Passé Avec La Faucheuse.

'blaireau.

-Eh ! Ils sont bien plus malins qu'on ne le pense !

Vous vous y connaissez en animaux ?

-Ca t'étonnerait ?

J'dois avouer que... ouais.

-Je ne m'y connais pas.

Voilà qui est dit.

-Ca aurait pu être pire.

Sans doute.

-Certainement.

On aurait pu imaginer votre épouse avec de Morny.

-Voilà qui est dit.

Vous ne voulez toujours pas me dire où on va ?

-Surprise, surprise !

Ca me gave, mais ça me gave !

-T'inquiètes, la belette !

''I am weasel'' ?

-Ouais. ''I great baboon''.

Un homme s'approche de nous en courant.

Il est affolé.

Non, ce n'est pas encore un mort à l'impérial.

Pour une fois.

-Eh mec !

Il a un harmonica.

Et un chapeau de cow-boy.

-Euh, oui ?

-Fais gaffe, j'le sens louche ce type là.

-Pinaise, si c'est vous même qui le dites !

-T'auraiiiiiis...

-Hein ?

-Une...

Il se met à jouer de l'harmonica.

-Est-ce que ! T'aurais, t'aurais, t'aurais !

-Mais bordel, c'est qui ce mec ?

-Franchement, c'est cet effet là que j'te fais Etienne ?

-Une clooooooooooope... ?

-Ah, euh, non, désolé.

-Mouaaaaaaaaaaaaalez !

-Tu veux que je m'en occupe ?

-Vous pourriez faire ça ?

-Non.

-Gros blaireau.

-Non, écoutes, j'ai pas de clopes là. Je fume pas.

-Sois ! Sois coo-cool !

-Il est plutôt marrant, finalement.

-Ca m'étonnait aussi que vous ne preniez pas sa défense. Il est aussi chiant que vous.

-Ouais, mais il a pas ma classe !

-Vous parlez de la moustache-cerf-volant ?

-J'en ai pas, j'te dis !

-J'ai jamais réussi à m'envoler avec...

-Mec, mec, mec ! ''Sur la route du pénitencier...'' !

-... pourtant, pas faute d'avoir essayer.

-Rends moi, un p'tit, p'tit, p'tit serviiiice !

-Par contre, je crois qu'Erik a dit que c'était possible...

-Juuuuuste, une... p'tiiiiiite... clope !

-... selon lui, il suffirait d'un peu de vent.

J'en peux plus.

Là, vraiment.

-J'en ai pas bordel ! J'en ai pas !

J'me casse.

-Attends, c'est pas par là !

M'en fous. Vous me gavez, tout les deux.

-Attends, moi, je t'ai pas sorti l'harmonica.

Je suis à deux doigts de me barrer.

-Ok, ok, mais avoues, c'était quand même stylé. Et puis, mieux vaut qu'il souffle son odeur à la ''John Bull'' dans un instrument plutôt que sur toi, non ?

Vous en faîtes pas, j'ai eu le temps de la sentir. Dites moi où on va !

-Et la surprise ?

Maintenant !

-Impatient, va.

Ultimatum : bougez vous le cul, sinon, j'me casse.

-Ah ! Tu essayes par les sentiments !

J'me casse.

-Ok, ok, c'est au London Town !

Quoi ? Au London Town ?

-Ben ouais.

Putain, et moi, moi qui m'attendait à quelque chose d'exceptionnel.

-C'est un très bon pub.

Ouiii...

-Ben quoi ?

Et je suppose que c'est là qu'on va y croiser tout vos amis ?

-Y'a des chances.

De Morny ?

-J'crois qu'il sort avec ma femme, là.

Oh.

-Bah, on est presque la même personne !

C'est votre demi-frère quand même !

-En politique, y'a pas de soucis.

Vous voulez qu'on parle de 1851 ?

-Oh, c'que t'es chiant avec l'histoire. Lâches moi un peu, va.

Vous savez, la politique n'a pas vraiment changé de nos jours.

-Ouais, ben, ça, merci hein. 'pas vraiment un scoop.

Non, mais sérieux, ne vous en voulez pas trop.

-Mais... ! J'assume, môssieur ! J'assume !

Assumer quoi ?

-Mon règne !

Vaut mieux. Mais, comme j'vous dis, vous pouvez hein.

-Comment ça ? J'pensais que t'en faisais justement de la politique.

Disons que j'ai plus ou moins... donné un coup de collier.

-Le Nouveau Centre, ça te plaît plus ?

J'devrais être surpris, hein ?

-Non, non. Ca fait plus d'une heure et demie qu'on est là, tout les deux. T'es habitué.

Ouais, je suis parti de ce parti.

-C'est joliment formulé.

Mais bon, je reste centriste.

-Et alors, pour les régionales, comment tu le sens ?

Ch'ais pas.

-T'as bien un avis !

J'suppose que oui.

-Mouaaaaaaaaaaaaalez !

Oh non, hein, ne l'imitez pas !

-R'gardes le, il a recommencé avec un autre groupe !

Techniquement parlant, j'étais seul.

-Ouais, ouais. Bon, allez, j'aimerais connaître ton opinion sur ces élections. Les ''régions'', quelle drôle d'idée quand même ! D'mon temps, hein...

Ben déjà, j'trouve assez scandaleux que la droite mette en garde qu'à gauche il y ait des divisions.

-Tu veux qu'on parle du réferendum de 2005 ?

Oui, il y en a, sûrement.

-Pas qu'un peu quand même ! Ca a d'ailleurs été ''un peu'' mon moyen pour me maintenir !

Vous auriez dû faire de même avec les Prussiens.

-J'aurais dû.

Non, mais sérieusement, 'faut regarder leurs listes ! La droit y met à la fois des centristes et des souverainistes, et personne n'a l'air de s'en rendre compte.

-La théorie du complot !

Mouais.

-Ca leur reviendra p'têtre à la figure ?

On verra bien.

-Bon, allez, on y va ?

L'enseigne du London Town.

Le pub idéal dans cette ville.

Du bruit, du monde, de la musique, des bousculades, de l'alcool.

Le pub idéal.

Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix.

-Ah ! T'as dit que tu voulais ! 'faut savoir !

Ok, ok. N'y va.

2 avril 2010

Sandie !

Il faut que je me gare maintenant.

-Sympa la voiture épave !

-Quoi, quelle voiture ? La mienne ?

-Non, la tienne, elle est juste crade, mais c'est normale. J'parlais plutôt de celle qui a plus de roues, qui a les vitres pétées et qui devait être blanche... avant.

-Ah, celle-là ? Ouais. Sympa.

-Combien déjà la location d'une place de parking ?

-133 euros par mois.

-Ouais. Sympa.

Ah, ben, j'y suis arrivé sans trop galérer.

Je sors. Lui aussi.

-Et maintenant ?

-Ben, on fait comme on a dit !

-J'appelle Sébastien, d'accord, mais après ?

-Ben, 'chais pas moi, tu laisses tes affaires ici, et on y va !

-Ok.

-Wouokey monkey ?

Alors... Sébastien... oui, ''Belgarath'' sur mon répertoire.

Ca sonne.

-Ca sonne ?

-Ouais, taisez vous.

-Y'a que toi qui peut m'entendre !

-Ouais, ben ça me gave déjà assez comme ça !

Répondeur.

-Merde, il répond pas.

-Il doit être en train de conduire.

-Je vais réessayer.

Ca sonne.

-Ca sonne ?

-Ben oui !

-'chais pas, ça aurait pu changer...

Il décroche !

-Sébastien ?

-Ouais !

-Ah ! T'es en train de conduire ?

-J'arrive, t'en fais pas, je suis parti un peu tard, mais ça ira.

-Euh, ben, euh, justement...

-Quoi ?

-Je risque d'avoir un peu plus qu'un peu de retard...

-Tu pouvais pas mieux le formuler.

-Comment ça ?

-Euh... c'est assez compliqué. Mais t'en fais pas hein ! Je serais là pour le tournoi, hein !

-Mais... tu es chez toi quand ?

-Bonne question !

-T'attends pas à ce que j'te donne une bonne réponse !

-Mais merde, vous avez pas une idée là ?

-J'en sais rien !

-Etienne ?

-Rha ! Mais trou du cul !

-T'avais qu'à y penser !

-Ouais ben, vous aussi hein !

-Etienne ? Ca capte plus ?

-Si, si ! Euh, bon, j'dirais qu'aux maximum, grand max hein, je suis parti pour minuit !

-Ah ouais... mais alors, je fais quoi moi ?

-Rentres chez moi, y'a un pot devant la porte, ma mère y range toujours les clefs ! Installe toi, tout nickel, repose toi, commande toi une pizza, j'te rembourserai !

-Non, mais pas la peine...

-T'es quand même incroyable ! A Camille, tu lui proposes à boire, à Sébastien, tu lui refiles une pizza, et moi ? Ketchi ! Tout ça, sous prétexte que ''je-suis-mort''.

-J'suis vraiment désolé l'ami, vraiment !

-Bah, c'est pas grave, ça arrive.

-Un peu spécial ton ami, il te demande même pas qu'est-ce qui te retient ?

-Vous voudriez peut-être que je lui dise que c'est celui qui a commandé l'opéra Garnier ?

-Quoi ?

-Ben, il fait de l'histoire de l'art...

-Non, mais sérieux, tu pourrais pas plus tôt lui dire que c'est Napoléon III, merde ! ''Né à Paris le 8 avril 1808, fils de...''

-J'vais pas lui dire !

-Ah... euh, oui. Fais ça. Fais pas ça plutôt. 'fin, tu m'as compris.

-Eh ?! Etienne ?

-Euh, oui pardon ! Désolé, c'est le bordel ici !

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Ah, enfin !

-Mais bordel, qu'est-ce que ça peut vous faire ?

-Il est sans aucun doute le descendant d'un de mes sujets !

-Vous êtes vraiment, mais vraiment !

-Rien de particulier...

-Quoi ?

-Euh... si ! Si, mais c'est très compliqué, tu vois là, j'te raconterai... une vraie galère !

-Camille ?

-Quoi Camille ?

-Quoi Camille ?

-Ben oui, c'est elle qui fait appel à toi ?

-Mais pas du tout !

-Mais pas du tout !

-Ah, ben, alors, qu'est-ce qui se passe ?

-...

-... ?

-Etienne ?

-Oui euh... j'dois aider un ami !

-Oui euh... j'dois aider un ami !

-Non mais vous avez pas bientôt fini de me faire chier pendant que je téléphone ?

-''Bonsoir, est-ce que je téléphone sur un téléphone ?''

-Bah, c'est pas grave. Tu veux pas me dire. M'enfin, t'aurais pu prévoir ton coup quand même.

-Mais... Sébastien !

-C'est bon, on se voit demain ! Et merdi pour la piaule !

-La piaule en question date de 1863 ! Rha, le saligaud !

-Encore désolé Séb', je...

Clic.

-Oh mais vous ! Vous !

-Mouallez, c'était marrant !

-Super ! Ca vous éclate ?

-Pas qu'un peu !

-J'crois que j'vais m'en retourner à ma voiture finalement...

-Eh, pas maintenant que tu viens d'envoyer ce pauvre Sébastien dans la ''piaule'' !

-Bon, et on fait quoi alors ?

-Je sais où on va aller ! J'connais un bon bar !

-Dans un bar ?

-Ben ouais, j'allais pas t'amener à l'opéra quand même !

-Garnier ?

-Comme le shampoing ?

-Ouais, voilà, comme le shampoing. Bon, j'vous suis. J'y vais comme ça ?

-Hmmm... chemise blanche, manteau long noir, jeans'... Wouokey monkey !

-Vous avez fini de me piquer mes expressions ?

-Tu me fais pensé à ''Archie'' dans ''Rock'n rolla'' !

-Mais comment vous pouvez connaître ?

-''Disons que j'ai mes entrées dans cette ville en plein boom''.

-J'en ai marre. Sérieux, vous êtes quelqu'un de très dérangé !

-Tant que je dérange pas !

-Ouais ben, ça va pas mal aussi de ce côté là... Bon, donc, ça va, ''je conviens'' ?

-Ouaiiiiis ! T'inquiètes la belette !

-Oh putain...

On sort du parking.

Rue Mage, 21h27.

C'est par où ?

-'suis moi, t'en fais pas.

Vous m'envoyez pas dans l'un de vos bars à pecnauds ectoplasmiques, hein ?

-Ah, avec un peu de chance, on pourrait en croiser quelques uns...

Comment ça ?

-Ben, t'as déjà croisé Franzy et Charlie.

Mais y'en a encore ?

-J'crois que Saint-Arnaud avait dit qu'il viendrait voir son arrière, arrière, arrière, arrière, arrière... arrière petite fille.

Saint-Arnaud ?

-Ouais, mon pote Armand !

Mais c'est Halloween ou quoi ?

-Pas plus que d'habitude.

Vous voulez dire que vous faîtes ça... tout le temps ?

-Ouais, mais ça se voit pas.

Alors pourquoi, moi, j'les vois ?

-Parce que t'en as déjà vu.

Hein ?

-Ben ouais, si tu m'as vu, tu peux bien en voir d'autres, c'est normal !

Ok, mais pourquoi pas les autres types comme moi ?

-Eh, mais t'es unique ! Viens, on passe par la rue Ozenne.

Unique ?

-Ben, t'en connais beaucoup des types qui sont nés le 12 novembre 1990 ?

Mais... bordel ! Vous le faîtes exprès, hein ?

-De quoi ?

Pourquoi y'a que moi qui peut vous voir ?

-Je veux mon n'veu !

Mais non de non de non !

-Ben quoi ?

Pourquoi ''moi'' ?

-Parce que je le veux, c'est ce que j't'ai dit ! Rha !

Ah. Forfait impérial ?

-Non, rien à voir.

Pardonnez moi, j'ai pas pris le temps d'étudier la question des forfaits que l'on achète auprès de la Faucheuse.

-Ouais, alors, déjà, saches qu'elle n'a pas de faux, elle a un faisceau !

Un quoi ?

-Comme les licteurs !

Ah, vous m'en direz tant. Donc, si c'est pas dû au forfait impérial, c'est dû à quoi ?

-Joli le château du Crédit Agricole ! Hmmm... ? Ah ouais, ça, c'est un truc qu'on a dés qu'on meurt.

Mais j'comprends pas, j'pensais que tout le monde ne pouvait pas venir ici... à quoi ça servirait de ne pas être vu ou d'être vu des mortels si on ne peut pas aller chez eux ?

-Tu te poses trop de questions !

J'ai déjà entendu ça quelque part...

-T'es le genre de type à qui on a envie de le dire aussi.

Et vous, vous savez ce qu'on a envie de vous dire ?

Une femme passe à côté de nous.

Napoléon III se retourne.

-Hey ! Mais ça s'rait pas... ?

-'poléon ?

-Sandie !

C'est George Sand.

Robe spectrale à crinolines, ce même teint bleutée, rien d'étonnant...

-Ah ? Louis-Napoléon, ça par exemple ! Vieux renard !

-Qu'est-ce que tu fous ici, l'amie ?

-Bah, j'me traîne, j'me traîne... Et qui est-ce ?

-J'te présente Etienne, un ami à moi.

-Attendez, attendez, j'ai pas dit que j'étais votre ami.

-Eh bien... enchanté Etienne ! Je me présente, George Sand !

-Je vous connais, ne vous en faîtes pas. Amantine Lupin.

-Respectez mon nom de scène, monsieur...

-Ah, faut tout t'appendre hein !

-Ca va, ca va, je voulais juste dire que je vous connaissais...

-Ben, tu l'avais déjà dit.

-Bien, que faîtes vous ici ?

-Je comptais l'amener boire un verre.

-Je ne te savais porter sur... les mortels... masculins...

-Rha, tout de suite ! Non mais franchement, Sandie !

-Et vous ?

-Plaît-il ?

-Eh bien que faîtes vous ?

-Je constate que tu commences à t'habituer à nous parler ! C'est bien !

-En même temps, avec vous, Baudelaire et Franz-Joseff...

-François-Joseph ? Vous l'avez vu ?

-Celui-là même !

-Vous savez où il est allé ?

-Ah, non...

-Je saurais pas te dire.

-Arf, il m'a piqué mon cochon d'inde !

!

-Bien, je crois que je vais m'en retourner à ce que je faisais.

-C'est à dire, à part vous ''traîner'' ?

-Alexis m'attend au Grand Rond.

-'lexis !

-Alexis ?

-Alexis de Tocqueville bien sûr !

-Ca m'aurait étonné.

-Un petit rendez-vous alors ? Rrrrr !

-'poléon, ce que t'es has-been !

-Mais ce que monsieur de Tocqueville travaille beaucoup ces derniers temps !

-Et sur quoi ?

-Un bouquin, je sais plus lequel...

-Quoi, on écrit encore quand on est mort ?

-Je crois que tu as encore beaucoup à lui apprendre, hein...

-Sans aucun doute ! Et sinon, sur quoi porte désormais son génie ?

-Ouais, 'vite fait son génie... ''La démocratie en gnagnagna'' hein...

-Je ne peux pas trop vous en dire plus, mais sachez qu'il m'a pris comme critique !

-C'est plutôt un luxe pour lui de vous avoir ainsi !

-Moui... ''De la démagogie en France''.

-C'est le titre de son nouveau bouquin ?

-Tout à fait.

-Je sais à qui vous pourriez prendre comme modèle à ce sujet...

-Hum, hum. Bon, on va y aller hein ! Tchao, hein, Sandie !

-Ouais, hein, on y va, 'faudra pas indisposer plus longtemps... Hum ?

-Aurevoir monsieur Etienne. Et... see you later Empereur !

-See you later !

Incroyable.

-Merde, j'pensais que tu t'y étais vraiment habitué !

'va me falloir encore un peu de temps, j'crois.

-Bah, ça viendra.

Mais dites moi, on est de retour dans la rue du canard là...

-Effectivement.

Ah. En fait, vous ne savez pas du tout où on doit aller, c'est ça ?

-Si, si ! Mais faut que je... rha, laisse moi tranquille !

Bon, ben, j'vais retirer de l'argent alors.

-Hein ?

Ben ouais, quitte à aller picoler, autant que je prenne du liquide.

-Ah, ce nouveau système là. Bon, alors, quelle banque ?

Comment ça ?

-T'en as deux au choix, qui se font face. CIC ou Caisse d'Epargne ?

Qu'est-ce que j'en ai à foutre !

-N'empêche, 'faut faire un choix.

Vous croyez que j'vais rester là pendant des heures à me demander laquelle je vais prendre ?

-'Ch'ais pas, à toi de voir. Moi, j'dirais...

Non, mais franchement !

-Quoi ? T'as déjà fait ton choix ?

Va pour le CIC.

-Attends un peu !

Mais quoi ?

-Sur quoi tu te bases pour retirer ton argent, là ?

Sur rien ! C'est tout, j'la sens bien !

-Alors là...

Quoi ?

-Etienne, tu viens de faire un choix irrationnel.

Oh, bordel, vous allez remettre ça !

-Et ce n'est que le premier !

30 mars 2010

Le portail (bis)

J'ai trop attendu.

Le portail s'est refermé sur ma voiture.

-Rha, mais... ! Ben, ouvres le ce portail !

Bip.

Je la dégage.

Je sors de la résidence.

-Alors, t'as pris ta décision ?

J'en ai assez de lui parler.

-Bon. Alors, on va à Portet ?

...

-Eh mais ! Tu pourrais me répondre quand même !

-Tant pis pour la virée entre potes, on fait comme tu le sens, c'est bon...

-Eh, ho, Etienne ? Oula, 'tention, la rue est étroite là !

-Etienne ?

-Tu boudes ?

-Tu boudes pas ?

-Tu boudes un p'tit peu ?

-Eh ! J'ai une bonne blague !

-Tu savais que Lamartine...

-... il avait fondé...

-La Martinique !

-Lamartine, la Martinique ?

-Oh, t'es chiant maintenant hein !

-Hein ? Mais pourquoi tu prends à droite ? Le périf', c'est pas par là ?

-Bon, tu m'en veux, c'est ça ?

-J'aurais pas dû te parler de ton père ?

-J'aurais pas dû tant insister ?

-Oh, 'classe la rue Ozenne... Bon, euh, tu veux pas me parler ?

-Pfff... t'es chiant.

-Mais allez quoi !

-Bon, tu veux que je m'en aille ? J'te laisse pénard ?

-Mais merde à la fin ! Dis moi !

-Bon, si ça ne tenait qu'à moi, je ne... ''me'' dirait pas de partir. M'enfin, c'est ton monde, pas le mien.

-Pourquoi tu passes par le rue du canard ? C'est super galère ici, y'a toujours un pecnaud sur la route.

-'même temps, vu la taille des trottoirs...

-Allez, excuse moi pour toute à l'heure !C'est jusque que... j'pense que tu pourrais faire d'autres choses. T'es un type bien, mais t'es trop dans ton ''cadre''. Tu veux pas un peu en sortir ?

-T'es tel le cochon d'inde sous un meuble !

-Un peu tôt pour l'humour bonapartiste, hein ?

-Ecoutes, j'te forcerai jamais, j'suis là parce que... j't'aime bien. Et j'aimerais te sortir de là.

-Je sais pas si je peux, mais comme il a dit, l'autre là...

-Lincoln, voilà, ''on ne peut échouer si...'' gna, gna, gna...

-T'essayes en plus de t'en tirer toi-même ! R'gardes les trips que tu as : ''babouin'', ''glaïeul'', ''glabouin'' et des phrases dans le style ''oublies pas qui tu es'', une phrase du Roi Lion qui n'a rien à faire dans une conversation normale !

-Mais tu fais ça parce que justement, t'en as marre de la normalité !

-Allez, quoi ! 'fin, j'te force pas, j'te l'ai dit. Mais on aurait pu tenter le coup.

-Attends ? Tu rentres là ? T'as fait le tour ?

-J'allais pas repasser le portail en marche arrière.

-Ah ! Tu me reparles !

-J'avais besoin de réfléchir.

-Et comment ça se fait que j'ai rien entendu ?

-J'en sais foutre rien. La faucheuse vous a peut-être refilé un forfait bidon.

-Attends... si tu repasses le portai, ça veut dire que... ?

-J'appelle Sébastien. Il prendra les clefs qui sont dans le pot.

-Quoi ? Ca veut dire que t'acceptes ?!

-Oui.

-Wouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! Tu vas voir, on va bien tripper ! On va montrer à cette foutue monotonie ce que c'est que l'union d'un Bonaparte et d'un... Etienne ?

-C'est ça.

-T'as pas l'air si emballé que ça finalement.

-Si, si.

-Non, non.

-Que les choses soient claires, je vous donne deux heures. Prouvez moi que je n'avais pas tort d'esperer.

-T'en fais pas. Tu regretteras pas.

-Qu'est-ce qui vous rend si sûr ?

-T'as passé le portail.

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26 mars 2010

Le portail

-Non mais avez fini oui ?

-Ah, t'as fini de penser ?

-Ouais ben, elle est partie là !

-Là dernière-fois, ladite personne anciennement susnommée était restée derrière la porte !


J'ouvre la porte. Personne.


-Satisfait ?

-Et le couloir ?

-Vous allez continuer à me gonfler longtemps ?

-Non, mais sois cool, restes va !


J'ai déjà pris mon sac.


-Je me casse, ok ?

-Mais...

-Oh ! C'est fini, compris ?

-Et...

-Je sens que toi, t'as pas apprécié que Franzy vienne te voir pour le cochon d'inde ?

-Mais je m'en fous !

-Charlie ?

-Tout pareil !

-Camille ?

-Quoi Camille ?

-Je sais pas.

-Merci, encore une belle occasion manquée de vous taire.

-Et... Attends, pourquoi tu prends ton linge sale ?

-Ben, je rentre chez ma mère, là.

-Quoi, tu te fais laver tes calbuts tout crados ?

-Ouais, ben j'ai pas de machine à laver !

-La bonne excuse !

-Bouclez là, je me casse.

-Mais... attends ! Tu...

-Quoi encore ?

-Ton père... tout ça... ?

-Ne me jouez pas la carte sentimentale hein ! J'vous vois venir !

-Mais...

-Je n'y crois pas.


C'est facile de ranger des fringues quand elles sont déjà sales. Maintenant, l'ordinateur.


-Comment ça, tu n'y crois pas ?

-Vous avez une preuve ?

-Ah, revoilà môsieur Etienne !

-Quoi ''môsieur'' Etienne ?

-Il lui faut du concret à môsieur Etienne !

-Si vous voulez.

-Il lui faut du réel à môsieur Etienne !

-Aussi.

-Il lui faut de l'habituel à môsieur Etienne !

-Certainement.

-Ah ! C'que tu peux m'agacer à être comme ça !

-Mais j'vous emmerde, mon vieux !

-Réagis bordel !

-Mais réagir à quoi ?

-Euh.

-Voilà.

-Non, mais si... je...

-Voilà.

-Si, je sais ! ''Faut pas que tu te laisses faire par cette vie monotone'' !

-Très convaincant !


Tout est bon. Les clefs de la voiture, le bip... merde, 'penser à baisser le chauffage !


-Bon, j'l'ai pris à la rigolade là, mais tu sais que je suis sérieux.

-D'accord.

-Mais si, je suis sérieux !

-Oui, oui.

-Tu t'en fous, c'est ça ?

-Mais alors complet !

-Et t'as oublié un truc !

-Quoi ?

-''Coup d'Etat à l'Elysée'', tu le prends pas ?

-Non merci.

-Beuh, allez !

-J'l'ai déjà lu j'vous ferais remarquer.

-Relis le alors.

-Quoi, vous en êtes fier de 1851 ?

-C'était quand même bien géré c't'affaire !

-Allez dire ça à Baudin !

-Lui, c'est un cas à part. Franchement, quand on se met sur une barricade, hein, 'faut pas s'attendre à y faire un pique-nique !


Allez, c'est parti.

Foutu couloir glacial.


-Attends, tu vas où déjà ?

J'pars à Saint-Gaudens.

-Quoi, tu penses de nouveau ?

Je suis plus chez moi au cas où vous ne l'auriez remarqué.

-Ah. Bon. Et qu'est-ce tu vas faire là-bas ?

J'ai un ami qui m'y attend pour 22h.

-Et pour faire quoi ?

Demain, j'ai un tournoi à Lourdes.

-Un tournoi de quoi ?

Un tournoi de figurines.

-Ah, celles que tu peins ?

J'devrais être surpris que vous le sachiez...

-T'avais déjà fait une remarque du même genre. Attends, tu veux pas plutôt passer une bonne soirée avec ton vieux pote Napoléon III ?

D'où que vous êtes mon pote ?

-Pourquoi tu passes par la rue ?

Hein ?

-Ben ouais, l'escalier du parking est ici.

Ouais, mais j'ai pas les clefs du parking. Seulement le bip du portail.

-Ca, c'est très con.

M'en parlez pas.

-Ok, passons. Attends, j'te propose de passer une soirée avec moi !

Autrement dit, avec mon subconscient traumatisé.

-Quoi, t'y crois toujours pas ?

Pas des masses, j'dois dire.

-Rha ! Mais t'as tout vérifié pourtant, ton appart', France Info, Romain, même Camille !

Et à ceci, je dois rajouter la vision de deux Empereurs et d'un poète mort et morbide.

-Il est pas si morbide que ça !

Vous voulez qu'on parle de ''Une charogne'' ?

-'Tout de suite, sur un unique exemple !

Vous comptez me suivre encore longtemps ?

-Restes ici !

Et d'ailleurs, je comprends pas. Vous seriez en mesure de me suivre partout, c'est bien ça ?

-Exact.

Donc, vous resteriez toujours avec moi ?

-Logique.

Alors, pourquoi vous me faîtes chier pour que je reste sur Toulouse ? Même si la conduite accompagnée par un spectre est déconseillée, vous pourriez le faire. 'Sans doute dû au forfait.


Je suis dans mon parking. Ma fiat m'attend.


-Faut que restes.

-Bon, vous avez fini à la fin ?

-Tu reparles ?

-Vous allez me faire la remarque tout le temps ?

-...

-Et pourquoi faudrait que je reste ?

-Ben... j'aurais pensé qu'on aurait pu faire des choses ensemble...

-Hein ?!

-Non ! Non, pas ce genre de choses là !

-Vous me faîtes peur là !

-Ca te dit pas qu'on sorte... un peu ?

-Pourquoi faire ?

-Bon, voilà le deal. Appeles ton pote, dis lui de prendre les clefs dans le pot et de t'attendre. Demain, tu seras à ton tournoi. Mais cette nuit, t'es ici.


La voiture est chargée.


-Alors, qu'est-ce t'en dis ?

-Gardez votre deal.


Je ferme la porte.


-Etienne !

-Désolé, j'ai mieux à faire que de suivre un pecnaud dans votre genre.


Je démarre. J'allume les feux. J'avance vers le portail.


-Déconne pas !


Il est sur le siège de droite.


-Mais... ! Vous pouvez faire ça d'un coup ?

-Forfait impérial.

-Ouais, ben, comme j'le disais, vous me suivez quoi.

-C'est la place du mort.

-C'est pas le coffre normalement ?

-Justement ! C'est un jeu de mot !

-Ah.


Je prends le bip du portail.

Le portail commence à s'ouvrir.


-Etienne...

-Quoi, à la fin, quoi ?

-Y'a quoi sur ton poignet ?

-Une montre.

-L'autre poignet.

-Une gourmette.

-Pourquoi il n'y a pas écrit ton nom ?

-Parce qu'il y a écrit autre chose.

-Y'a écrit quoi ?

-J'suis sûr que vous le savez déjà.

-Lamartine, hein ?


Le portail est ouvert.


-Ouais, vous l'avez connu.

-Curieux qu'il ait choisi d'écrire ça sur son tombeau.

-''Speravit anima mea'' ?

-Ouais. ''Mon âme a espéré''.

-Vous m'en parlerez sur la route, en plus j'dois encore aller à Portet faire le plein.

-Et toi, t'as choisi d'écrire... ''Sperat anima mea''.

-Oui.


Allez, j'avance.

Le portail peut se refermer.


-Etienne...

-Oui ?

-T'as pas envie d'espérer autre chose qu'une pizza avec Sébastien à Saint-Gaudens ce soir ?

22 mars 2010

Camcam

-Attendez, quoi ?

-Oui, oui, t'as bien entendu.

-Vous délirez là ?!

-J'croyais que c'était toi.

-Vous débarquez comme ça, et vous croyez que vous allez chambouler ma vie ?

-Bah... Je m'étais pourtant dit que recevoir la visite de Napoléon III en 2010 n'était pas banal.

-Vous êtes quelqu'un de très humble.

-Très modeste également.

-Oui, si vous voulez. Vous avez fini avec vos conneries ?

-J'étais très sérieux, Etienne.

-Normalement, je devrais être surpris du fait que vous connaissiez mon nom...

-... Mais si tu l'étais, tu sais que tu ne finirais pas de l'être.

-Ouais. Donc, poursuivez va, et quand j'en aurais marre, je vous prierai gentiment de vous carrer vos idées venues d'outre-tombe dans la partie de votre corps qui n'a jamais vu le soleil.

-Je suis sérieux.

-Oh, mais moi aussi !

-Tu ne te rends pas compte... de tout ça.

-De quoi ?

-C'est triste à en pleurer !

-Ma vie ?

-Pas seulement ! Tout ! Non, mais franchement, tu as vu ce que tu as dit à ta voisine toute à l'heure ?!

-Qui, Camille ?

-Non, celle dans la cour, quand tu arrivais.

-Ah. Ben quoi, je lui ai dit bonsoir.

-Bonsoir.

-Oui... et ?

-Et à part ''bonjour'', t'es allé plus loin ?

-Mais non ! Et qu'est-ce que ça peut vous foutre à la fin ? Vous voulez que je la drague ?

-Etienne, ça ne te vient même pas à l'esprit que cette personne pourrait être autre chose qu'un truc qui fait des bruits pas et à qui tu sors l'un des mots les plus communs qui soient ?

-Sans doute, si, mais c'est comme ça, et pis, déjà pas mal que je la salue ! Dans la rue, on ne se dit rien !

-Et tu trouves ça bien ?

-J'ai pas à trouver ça bien. Vous me demandiez d'admettre, admettez que tels sont les rapports entre les gens et que ce n'est certainement pas ma petite personne qui pourrait les changer !

-Et est-ce que tu voudrais les changer ?

-Pardon ?

-Je veux dire... est-ce que tu penses que ça serait mieux, pour toi, si tu allais demain, dans la rue, dire bien plus que ''bonjour'', et s'intéresser à la personne ?

-On m'enverrait chier sévère ouais !

-Hmmm... pas faux.

-Ah, vous voyez. Vous me semblez bien utopiste.


Il se lève. Il va vers mon étagère, et prend un de mes livres. ''Abraham Lincoln'', édité chez Fayard.


-Qu'est-ce qu'il disait déjà Lincoln ?

-A quel sujet ?

-Je sais que tu aimes les citations. Vas-y, épates moi.

-Euh... ''On ne peut échouer si l'on est résolu à échouer'' ?

-Voilà.

-Voilà quoi ?

-Tu saisis un peu le rapport ?

-Attendez, là, non, je vois pas où vous voulez en venir.

-Comment tu traduirais cette phrase ?


J'hésite un moment.

 

-L'acte prévaut sur le résultat.

-Voilà.

-Et donc, vous voudriez dire que je devrais me pointer devant quelqu'un et m'intéresser à lui, au risque de me prendre un vent ?

-Voilà.

-Mais, pourquoi est-ce que je devrais faire ça ? Je m'en fous des autres !

-Tu dis ça parce que tu aimerais croire que tu t'en fous, ça excuserait ton attitude, ça la légitimerait.

-C'est vous qui le dites.

-Moi, je pense plutôt que tu n'attends que ça. Aller vers l'autre et...


Mon portable sonne.

 

-Vous permettez ?

-T'en prie.


C'est Camille.


-Chalut ! Comment chat va ?

-Chat va pas.

-Ah, ça me change de d'habitude !

-Arrêtes, j'ai été bien ces derniers temps.

-T'aurais tes raisons, au vu des résultats du semestre. L'amphi entier a été décimé.

-Tu peux parler, t'as eu une mention.

-J'en suis pas spécialement fier.

-Tu devrais pourtant, ça pète en seconde année d'en avoir une !

-Oh, mais vous la bouclez vous ?!

-Quoi ?

-Euh...

-A qui tu parles ?

-Eh, gros blaireau, au cas où tu le saurais pas, y'a que toi qui peut me voir et qui peut m'entendre.

-Euh, non, non ! Bon, je peux faire quoi pour ma camcam ?

-T'es pas tout seul ?

-Mais si !

-Etienne... ?

-Mais si, arrêtes, tu sais que je dois partir à St-Go pour mon tournoi, là !

-Mouais...

-Suspicieuse hein ta ''camcam''.

-Bon, je peux faire quoi pour toi ?

-J'peux passer ?

-Euh...

-T'inquiètes, ça attendra notre 'tite discussion. Enfin, pas trop quand même.

-Etienne ?

-Euh oui ! Oui ! Je ferais mon sac, mais je serais là. Tu passes dans combien temps ?

-J'mets mon pull vert et j'suis là.

-Wouokey monkey !


Clic.


-''Wouokey monkey'' ?!

-Oh ça va, hein !

-Mais d'où ça vient ce trip sur les babouins et les glaïeuls ?

-Croyez le, croyez le pas, mais dans ma vie, ''si triste'', il m'arrive de m'amuser avec des ''amis''.

-Mais le prends pas mal !

-Ouais, ben d'ailleurs, ça serait pas mal si vous vous arrêtiez pendant que je suis au téléphone !

-Ca change rien, y'a que toi qui peut m'entendre !

-Ca m'emmerde quand même !

-Y'a-que-toi !

-Bordel, mais j'peux pas parler à deux personnes en même temps !

-T'as qu'à penser !

-Ah.

-C'que t'es pas malin alors...

-Oh, hein, pouet pouet !

-Quoi ''pouet pouet'' ?

-Vous voulez qu'on parle de l'expédition du Mexique ?

-Euh...

-De la guerre franco-prussienne ?!

-Bon, t'as gagné c'te manche.


On tappe à la porte.


-Hihi ! 'tille Cam... ?

-Oui, excusez moi, mais toute à l'heure, vous semblez m'en vouloir...

-Non mais ! Monsieur Baudelaire, foutez moi le camp d'ici !

-J'aime pas quitter les gens sur de mauvaises bases, vous savez.

-Bon, Charlounet, tu dégages !

-Vous aidez pas à la réconciliation...

-Mais... bordel ! Barrez vous !

-Franchement, j'aurais tout fait...

-Foutez le camp !


J'entends le bruit de l'ascenseur.


-Eh, Charlie, va, écoutes le monsieur.

-Oui, oui. Bon, tu comprends toi, Louis-Nap' ?

-Ouais, t'en fais pas, j'lui en toucherais deux mots quand il sera plus calme, hein. Et pis, de moi à toi , de toi à moi, j'y suis un peu pour quelque chose dans ta poésie ?

-Tu sais, quand j'disais que c'était ''pas tant que ça'', ça supposait que t'y étais tout de même partie présente !

-Mais vous dégagez là ?!

-Bon, bon, je vous laisse.


Camille arrive.


-Tu m'attendais ?

-Ben... euh, vi ! Evidemment !

-Mais il fait trop froid dans le couloir !

-Bah, ça me dérange pas...

-Demande lui de te réchauffer !

-Bouclez la vous ! C'est une amie !

-Etienne ?

-Euh oui ! Rentres, rentres, j't'en prie !

-Bon...

-J'te sers quelque chose ?

-'spèce d'ordure ! A elle oui, et moi j'peux crever ?

-Vous êtes déjà mort.

-Non, non, ça va.

-Bon, viens, on va papoter sur le canapet. T'as pas l'air bien...

-Je suis inquiète.

-Inquiète pour quoi ?

-Tu crois que je vais foirer mon année ?

-Mais non !

-Bon, allez, sois sincère !

-J'ai vu comment il fallait devenir notaire...

-Et ?

-C'est chaud.

-Ah ben ça, hein, 'pas un scoop.

-Non, mais vraiment, je sais pas si je tiendrais le coup, déjà que je vais redoubler.

-Mais non !

-Rho, mais si !

-Tu connais pas la dernière.

-Laquelle ?

-Y'a mes parents qui débarquent.

-Oula !

-Non, ils ont bien pris les résultats, mais ça risque de poser des soucis vis à vis de Matthieu.

-Pourquoi ?

-Ils veulent me ramener pour les vacances dans le Gers, et lui, il aurait voulu passer quelques jours avec moi.

-C'est normal qu'ils souhaitent te voir, tu devrais le prendre bien.

-Oui, oui, mais il va me faire la tête.

-Ouais ben, hein, 'vu tout le temps qu'il est là !

-Il est toujours là.

-Et puis, tu vois, retourner là-bas, c'est pas le top top, non plus.

-Ecoutes, c'est normal, non ? Et puis, t'as la voiture, rien ne t'empêchera de revenir sur Toulouse pour le voir ?

-Moui...

-Allez, camcam, ça va aller !

-J'ai reçu un mail du prof de pénal.

-Sans transitions !

-Ah. Et ?

-Il m'a répondu poliment.

-C'est déjà ça, y'en a d'autres qui n'hésitent pas à répondre plus que sèchement !

-Il m'a dit qu'il avait pas tout lu de ma copie.

-... !

-Ben ouais, 'croyez quoi, ces jeunes alors... !

-Je suppose que comme chaque fois, ce sont les chargés de TD qui corrigent.

-Oui, mais quand même !

-Ca m'exaspère. J'avais tout appris.

-Je sais.

-Encore pour l'administratif, d'accord, mais là !

-Tu vas pas te laisser aller ?

-Je sais pas.

-Si tu sais.

-Non, je sais pas.

-''Je sais pas'', c'est la réponse de ceux qui savent et qui veulent pas dire !

-Ouais, ben, c'est pas moi.

-Camille !

-Je-sais-pas !

-T'as pas encore compris, s'pèce d'ahuri ?

-Bon...

-Je vais te laisser. Tu dois rentrer.

-Oui, c'est vrai, ça.

-C'était comment ton TD de fiscal ?

-''Et ils sont où les fiscalistes ?''

-233 ''en fait'' en 90 min, sinon, c'était affreux.

-Il paraît qu'on vous note large à l'épreuve.

-Y'a intérêt ! Non mais vlaiment !

-Arrêtes ! C'est vilain de prendre cet accent !

-Ouais, ben, tu sais pas ce que c'est que d'avoir un cours sur les ''inpottes'' pendant 1h30 !

-Allez, je file.

-Tu m'appelles hein ?

-Non, c'est toi.

-Toi quoi ?

-Qui m'appelleras.

-Et pis quoi ?!

-Alors, je t'appellerai pas.

-Mais euh !

-Tschüss !


La porte fait toujours autant bruit en s'ouvrant. Et comme toujours, elle est pénible à refermer.


-J'voulais te dire. Même si je regrette que Charlie soit parti, c'est quand même sympa de ta part de pas m'envoyer baladaer comme lui... tu sais, moi aussi j't'aime bien.

-Non mais vous délirez !

-Quoi ?

-Vous pensez sérieusement que j'ai envie de vous garder ici ! La seule raison pourquoi vous y êtes, c'est parce que vous êtes plus obstiné que l'autre baltringue !


Camille revient, elle passe la tête entre le mur et la porte, et guette d'un air louche mon studio.


-Y'a qui ?

-Mais y'a personne !

-Y'a qui, j'te dis ?!

-Mais allez va-t'en, je dois faire mon sac !


Gentiment, je m'évite plus longtemps cette confrontation entre la réalité et la folie.


-Obstiné, obstiné... 'pas tant que ça.

-Comment ça ?

-Tenace, au plus !

-Rha... mais que vous êtes agacant !


Elle revient.

-Y'a qui ?!

-Va-t'en ! Jeune Camille !


Bon, je suppose que j'vais penser dans ce genre de situations.

-T'as tout compris.

Pénible de vous avoir au crochet, franchement !

-T'exagères.

Ouais, ben, en attendant, il est plus de 21h, et moi, j'dois rentrer !

-Non, mais, non !

Ben si !

-Attends, tu vas pas partir comme ça, si ?

J'vois pas pourquoi ! Voyez, je sors déjà le sac !

-Ok, ok, tu fais ton sac...

Ah, vous avez compris !

-Mais tu restes !

21 mars 2010

Tu vas pas comprendre. Tu vas admettre.

-Oh, ça va, il venait juste dire un p'tit coucou...

-Silvouplait, asseyez vous !

-Ok, ok... Voilà, satisfait ?

-Vous pouvez plus le lâcher ou quoi mon rocking chair ?

-Ben, c'est pas que ton canapet IKEA me plaît pas, hein, mais c'est aussi ton pieux quoi, et comme on en est qu'à notre premier rendez-vous.

-Sérieux, vous ètiez comme ça du temps de votre règne ?

-Oh non !

-Et comment ça se fait alors ?

-Quand t'es mort, c'est marrant.

-Marrant ?

-Plus de soucis, plus de tracas, le plus drôle dans l'histoire, c'est que toute ma vie, j'ai voulu éviter la mort.

-En même temps, c'est ce qu'on fait tous.

-C'est débile.

-J'voudrais bien vous soutenir, mais je sais pas ce que c'est.

-Ben, comme tu vois, on peut venir squatter les chiottes des mortels et prendre les cochons d'indes des empereurs.

-'téréssant.


Curieusement, un silence s'installe.

Il ne reprend pas la parole.

Moi non plus.

Qu'est-ce que je pourrais dire à un mort ?

Mais... pourquoi sourit-il ?

-T'as oublié que j'avais le forfait impérial, hein ?

-Ah merde, c'est vrai...

-C'est quoi le silence pour toi ?

-Pourquoi cette question ?

-Réponds. Juste, réponds.

-Je sais pas... l'absence de bruits ?

-Un bruit ça s'entend. Le silence ne peut pas être l'absence de la faculté d'entendre, puisque tu écoutes.

-Mais il n'y a rien à écouter... !

-Si.

-Dites moi alors.

-Il y a beaucoup choses à écouter.

-Du genre ?

-Ca ne se nomme pas. Nommer, c'est réfléchir, c'est classer, c'est ranger. Certaines choses ne font que se ressentir.

-Et donc, le silence ?

-Le silence, c'est le cri déséspéré de ce que vous, les mortels, ne prenez jamais le temps d'écouter.

-Pourquoi vous êtes devenu tout sérieux d'un coup ? Depuis le début vous êtes pas capable d'aligner une phrase sans passer pour un débile, et là, vous devenez philosophe ?

-Bah, ch'ais pas moi. J'trouvais ça classe.

-Franchement, pourquoi vous êtes là ?

-Ca t'emmerde que j'y sois ?

-C'est que j'aimerais comprendre.

-Pourquoi t'as besoin de comprendre, de toujours comprendre ? Je suis là, point.

-Euh... ?

-Ca te paraît si impossible dans ton monde si carré, si bien organisé, qu'un mec mort depuis près de cent-cinquante balais se pointe, comme ça ?

-Ben... Ca surprend en tout cas.

-Et si j'te disais : admets?

-Ca me serait toujours difficile à admettre.

-Toi, tu penses que la réflexion la plus logique serait que tu sois devenu dingue.

-Ben, au début oui, mais si je l'étais vraiment, il n'y aurait pas que vous que je verrais.

-T'as quand même eu un Kaiser et un spleeneux qui ont frappé à ta porte...

-Ouais, mais... le reste est normal. J'ai appelé Romain, et tout semblait bien.

-Y va bien Romain ?

-Euh... oui, mais... ?

-''Monsieur l'empereur des Français, comment ça se fait que vous le connaissiez ?''

-Ben, c'est un peu ça.

-Dis moi, ta réflexion logique là, tu ne peux agir que par elle ?

-Mais qu'est-ce que vous me voulez à la fin ?!

-Tu te souviens de ton père ?

-Euh... oui, évidemment, mais quel rapport ?

-C'est bien le type qui était gastro-entérologue, qui est parti, et qui est devenu psychiatre juste avant que son cancer n'empire ?

-Oui... et ?

-Je l'ai vu.

-Quoi ?

-Ouais, non, t'as raison, vu ce que je suis... ''Il m'a vu'', on va dire.

-Vous avez vu mon père ?

-Chic type Pierre-Michel. Très intéréssant comme bonhomme.

-Euh... il va bien ?

-La dernière fois que je l'ai vu, il jouait au scrabble avec Freud.

-Mais... pourquoi ne vient-il pas nous voir, si vous, vous pouvez ?

-Il a pas le forfait.

-Ah, putain, 'core cette histoire bidon.

-Eh ! Pas bidon du tout !

-Ouais, enfin... et donc, poursuivez.

-Donc, on s'est vu, et on a papoté. Tu te souviens de ce qu'il voulait savoir de toi, quand t'étais encore ay lycée ?

-Oui, comment j'allais, tout ça, quoi.

-Et toi, tu lui répondais quoi ?

-Je lui parlais de ce que je faisais, de mes notes, de...

-Et lui, il te répondait quoi ?

-Il voulait pas savoir ça.

-Ouais.

-Il voulait que je lui parle d'autres choses.

-Ca ne l'intéréssait pas ?

-Si, si. Mais... je suppose que ça vient joindre avec ce que vous me disiez...

-C'était trop banal ?

-Trop matériel. C'est vrai que de sa part, on pouvait difficilement s'attendre à ce qu'il reste pencher très longtemps sur ce genre de choses.

-Toujours dans l'astrologie, hein ?

-J'sais pas si c'était ça, mais y'avait quelque chose avec les signes, les étoiles, des trucs dans ce genre. Enfin, pourquoi vous me parlez de lui ?

-Parce qu'il m'a demandé de te venir en aide.

-Quoi ?

-Il peut pas venir à toi.

-Oui, bon ça, j'ai compris.

-Donc, il m'a demandé.

-Et ?

-Et j'ai dit oui.

-Mais pourquoi ?

-Parce que j'l'aime bien ton père.

-Ah, mais, non, pas ça ! Pourquoi faire ?

-J't'ai entendu penser, dans la rue.

-Ah... ?

-T'es un type bien.

-Merci.

-Mais il te manque beaucoup choses.

-Du genre ?

-T'as résumé ta vie en trois mots. Tu peux me les dire ?

-Euh... Etudes, passions, relations ? C'est ça ?

-C'est ce que t'as pensé.

-Et ?

-Tu vas me faire le plaisir de foutre en l'air tout ça.

20 mars 2010

Beaucoup... trop.

Quoi, il peut lire dans mes pensées ?!

 

-Ben oui ! 'Core heureux, j'ai quand même pris le forfait impérial...

-Le ''forfait impérial'' ?

-Ouais, quand tu vois la Faucheuse, elle te propose toutes sortes de forfaits.

-Et ?

-Ben, y'en a plusieurs, et tu choisis celui qui te plaît. Bon, l'impérial coûte cher, mais au moins, je peux me balader entre les plans astraux et faire d'autres trucs sympas, comme lire dans les pensées des types comme toi.

-Ah... c'est bon à savoir.

-Bon, après, c'est sûr, c'est pas le forfait divin, mais y'avait que 2 687 francs, germinal les francs hein, sur moi quand j'y suis passé...

-C'est con ça.

-Tu l'as dit.

-Donc, j'peux penser, vous m'entendrez ?

-Exact.

-Donc, je peux éviter de passer pour un crétin ?

-Passer pour un crétin devant qui ?

 

J'en ai marre. J'vais pisser.


-Bonne chance !


Je claque la porte de la salle de bain. Je ferme à clef. Je vais au lavabo. Non, je n'ai rien. L'oeil semble en état de marche. Je suis pas pâle. Peut-être que si je me passais un peu d'eau...

 

-Non, mais sérieux, t'y crois vraiment ?


Ah, ce qu'il me les brise ! Bon, allez, pissou, pissou... Mais qu'est-ce qui s'est passé aujourd'hui ?

Rien d'inhabituel. Levé 8h, parti à 9h, cours de droit fiscal à 9h30, café avec Radé et Karim à 11h09, déjeuner à 12h15, cours de guitare avec Eric à 13h30, parti à 18h, TD de droit fiscal à 18h30, sorti à 20h. Un vendredi quoi.

Mais j'ai pris un truc ? Non, je bois pas, je fume pas. Ca aurait été dans mon dos ?

Non, ni Karim, ni Radé, n'est comme ça. Mais alors qui ?

Attends, attends ! Si c'est bien une hallucination, tu dois forcément voir quelque chose de bizarre, pas seulement ce type. Bon, ma salle de bain. Toujours le même rideau de douche d'un jaune douteux, mon déo' Leclerc douteux, mes deux aspirateurs dont l'un qui marche pas, ma robe de chambre, mon peignoir, mes serviettes... haha ! Il me manque les cotons tiches ! Ah, non, 'sont là. Hmmm... Non, même moi, je suis normal. Pourtant, y'a forcèment un truc qui coince. 'Faut que j'aille voir de l'autre côté.

Je retire le verrou.

Il est pile en face de moi.

 

-T'as oublié de baisser l'abattant !

-Oh, mais... ! Vous allez pas commencer à me gaver ! Voilà, vous êtes content ?!

-Eh, sait-on jamais, c'est le genre de manière à indisposer une damoiselle.

-Ah, curieusement, ces temps-ci je reçois plus les empereurs morts que des damoiselles... 'ch'aurais pas vous dire pourquoi...

-Bon, laisse moi passer.

-Hein, mais... pourquoi ?

-La grosse commission.

-J'vous demande pardon ?!

-Ben quoi ? J'vais pas faire ça en plein milieu du salon quand même !

-Outre le fait que cela me dérangerait d'avoir de la merde spectrale sur mon canapet, en effet, j'ignorais que les morts avaient besoin d'aller aux waters !

-Eh, p'tit gars, tu sais pas tout, hein. Tu me laisses y aller ?


Incroyable.

Alors, le salon... le canapet IKEA est bien là, mes livres aussi, mes figurines, la gravure, la télé qui marche pas... Ah ! La radio !


-Revenons maintenant à votre actualité sur France Info, 20h 43.


Ca a l'air normal. Enfin, sauf le bonaparte en train de pisser...

 

-J't'ai dit que c'était la grosse commission !


Soupir. Mais réveille toi ! Réveille toi !


-Actualité judiciaire, le procès Viguier se tiendra à la Cour d'Assis d'Albi, le professeur de droit accusé du...


Tout est bon. Attends, je vais appeler... tiens, Romain, y'a toujours à papoter avec lui. Voilà. Allez, réponds. Réponds ! J'rappelle, là, j'ai besoin de toi !

 

-Il n'y a plus de loiiiiiis !

-Ouais, y'a plus de lois, comment va ?

-Nickel, j'ai fait un truc génial sur Poudnoir, 'faut que j'te raconte, alors j'étais en train de me faire avoir par le sous-directeur quand...

-Non, arrêtes ça ! Romain, dis moi un truc vrai ! N'importe quoi !

-Sylvain est blond.

-Encore !

-Camille est ta voisine.

-Encore !

-J'aime ma copine.

-Dis moi un truc trop vrai, tu vois !

-Euh, Etienne, t'es sûr que tu vas bien ?

-Fais ce que je te dis !

-Ok, ok... Demain, il fera entre 0 et 30 degrés ?

-Merci Romain. A plus !

-Euh, ok, à plus !


Romain était bien Romain. Tout est bon. Mais d'où il vient ce truc dans mes chiottes ?!

Et voilà qu'on frappe à ma porte. Ca doit être Camille. Heureusement, à chaque fois qu'elle vient, elle ne va pas dans la salle de bain. 'Plus qu'à espérer que l'autre moustachu ne l'ouvre pas.


-Guten Abend. Je ne foudrais pas déranguer, mais je feux récupérer mon corron dindeuh.


Erreur.

J'ai à faire à un autre pecnaud du XIXe siècle. Tenue civile, haut de forme à la main, visiblement gêné, assez âgé... ses favoris gargantuesques ne trompent pas.


-François-Joseph ?!

-Ja, ja, das ist mich. Mais, j'inzisteuh, je feux récouperer mein corron dindeuh.

-Euh...

-C'est qui ?

-C'est votre vieil ami de la Villafranca ?

-Qui... Cavour ?

-J'hallucine ! Je connais mieux votre histoire que vous ?

-Ouais, bon, j'te f'rais dire que ça fait un bail, hein...

-C'est l'Empereur François-Joseph...

-Ah !

-Entschuldigung, aber, brauche ich mein Meerschweinchen !

-Ouais, bon, vous voulez pas allez parler ailleurs là ? J'arrive pas à me concentrer...

-Mais qu'est-ce qu'il veut à la fin ?!

-J'fais popo là !

-Bordel ! J'en ai marre ! Il veut quoi ?! Répondez !

-Mais j'en sais rien moi !

-Ich feuh mein corron dindeuh !


Je deviens dingue, là c'est sûr. D'abord l'autre pet'zouille, et maintenant, un... Kaiser ! Et en plus, je comprends rien à ce qu'il dit. ''Corron dindeuh'', mais... Attends voir.

 

-Cochon d'inde ?

-Ja ! Das ist richtig !

-Quoi... ? Vous là-bas, au fond de mes toilettes, vous avez vu son... cochon d'inde ?

-Ah ! Fritzy ? Ouais, je lui avais pris, mais je l'ai rendu à von Benedek, j'pensais qu'il allait le rendre à Franzy moi.

-Ach zo ?

-Euh... Napoléon der dritte hat gesagt... Ludwig von Benedek hat Ihr... comment vous dites ''cochon d'inde'' ?

-Meerschweinchen ? Ou alors, ''corron dindeuh''.

-Ludwig von Benedek hat Ihr Meerschweinchen.

-Wirklich ?

-Ja, ja.

-Benedek, der Trottel !

-Attendez... comment ça se fait que vous frappiez à ma porte ?

-Ich habe die königliche Pauschale.

-Pardon ?

-Il a dit qu'il avait juste le forfait royal.

-Hein ? Vous avez préferé mourir en tant que roi de Hongrie au lieu d'Empereur d'Autriche ?

-Nein, nein. Je n'afais que 1 563 couronneuh hongroises zour mich quand je zuis mort.

-'Forcément. Ah, et... pourquoi la tenue civile ? Vous portez l'uniforme normalement.

-Elisabeth me forceuh, sous prétexteuh que je zuis plus au poufoir.

-Ah ! Comme au Cap Martin en 1893 ?

-Foilà. Bon. Auf wiedersehen !

 

Et il s'en va, non savoir m'avoir salué de la tête.

 

-Euh, vous avez fini maintenant ?

-Ouais, ouais, ça va...

Il sort, accompagné du bruit de la chasse d'eau.

 

-'Faudra penser à acheter du pécu, hein...

-Non mais ! Pour qui vous vous prenez ?! C'est pas une collocation ici ! Et vous arrivez là, tranquille, et vas y que je squatte ta chaise, que je squatte tes toilettes et que j'invite mes potes ?!

-Ouais, attends, calmes toi, tu veux ? Déjà, hein, ta chaise, t'y vas presque jamais, et d'une, tes toilettes, ben, elles servent bien à quelque chose, et de deux, et l'autre barbu, là, j'y suis pour rien si son général est une baltringue, et de trois.

-Vous allez me dire à la fin ce que vous foutez ici ?!

-Eh ! On va calmement en papoter tranquilou sur ton canapet... ok ?


On frappe de nouveau à ma porte. Camille cette fois ? Plus si sûr.

Non. Un homme, mine sombre, tenue civile XIXe... c'est Baudelaire.


-Oui, euh, excusez moi de vous déranger, mais... je...

-Je vous en prie. J'en suis pas à mon premier mort-taré de la soirée, alors quoi ? Vous aussi vous avez paumé votre cochon d'inde ?

-Non, non...

-Ah, pardon, votre ''corron dindeuh'' ?

-Attendez, je...

-Vous voulez utiliser mes toilettes ?

-Euh... je vous demande pardon ?

-Me baragouinez des phrases incompréhensibles ? 'R'marquez pour ça, j'ai vos poèmes.

-Vous permettez ?

-Allez-y.

-Ouais, allez y !

-Mais vous la bouclez vous ?!

-Oh, ça va, j'me sentais un peu seul...

-Mais... ? Bordel, mais fermez là, va !

-C'est vrai... vous parlez là, 'genre, j'suis pas là...

-Monsieur Baudelaire, que me voulez vous ? Je suis pas de taille à tenir face à plusieurs pecnauds morts-vivants en même temps !

-Alors laissez moi m'exprimer !

-Ouais, faîtes ça va...

-Je voulais juste vous dire qu'il m'avait pas tant inspiré que ça.

-Euh... qui ?

-Ben... Napoléon III, le type, là.


La porte a claqué à une telle vitesse que s'il avait osé s'avancer ne serait-ce qu'un tout petit peu, monsieur Baudelaire aurait fini son existence en ayant une gueule d'assiette.


-Vous... Assis !


20 mars 2010

Napoléon le sprit

J'ai encore le nez devant ma porte.

Je ne connais pas cette voix. Un léger accent germanique. Pas assez pour être un mec du Goethe-Institut. J'ai toujours ma bombe lacrymo sur moi. Il doit être au fond, là, dans le noir.

Mais comment il a fait pour rentrer ?

 

-Bon, euh, tu te retournes oui ou non ?

 

C'est pas un accent bavarois.

Bon, j'allume.

 

-... !

-Oui, bon, ça va, t'as déjà vu ma face quand même...

-Napo... Napoléon III ?

-Eh, techniquement parlant, j'ai pas abdiqué, alors, c'est encore ''Napoléon III, Empereur des Français'', s'il te plait.

 

Je dois être en train de rêver. Je parle à ma gravure, hein, c'est ça ? Non, elle est toujours là. Et ce type là, à la parfaite moustache amidonnée, il est sur ma chaise à bascule, jambes croisées, bien calé. Il a la peau bleue, et porte une queue-de-pie mauve. Je dois être en train de rêver.

 

-Attendez... là, qu'est-ce qui se passe ?

-Bah, je m'ennuyais là bas. Je suis venu dire un p'tit coucou.

-Je deviens dingue, c'est ça ?

-Ben... 'chais pas moi.

-Si, vous savez, je suis devenu dingue, hein ?

-Y'a un moyen de le savoir.

-Ah, je veux bien connaître lequel !

-Mets l'index de ta main gauche sur le haut de ton oreille droite, lève ta jambe droite en direction de ton frigo et répète après moi : ''Je grand babouin''.

-Quoi ? Vous connaissez ''I am weasel'' ?

-Ouais, j'aime bien.

-Mais... ! Vous êtes mort depuis '73 !

-1873, parce que si tu dis ''73'' comme ça, on pourrait penser que c'est 1973. J'ai pas 165 balais non plus !

-Bon, et je fais quoi là, moi ?

-Ch'ais pas. Qu'est-ce tu fais normalement ?

-Je vais commencer par enlever mon sac et mon manteau, d'accord. Après, je m'occuperai des délires de mon subconscient.

-Eh ! Trou du glaïeul ! On dit ''Votre Altesse Impériale'' d'abord !

-Au cas où vous ne sauriez pas, on est en République...

-Ouais, la Ve... Pff, trop nazbrock ce régime.

-Ben, le Second Empire... hein...

-Qu'est-ce tu racontes ? T'as mon portrait !

-Vous êtes l'image d'une époque, mais vous n'êtes pas la cause de cette époque.

-Qu'est-ce t'en sais ?

-Ben, vous y êtes pour quelque chose pour... Victor Hugo par exemple ?

-Ah ben pas qu'un peu mon neveu !

-Baudelaire ?

-Il aimait le sombre.

-Et ?

-Je suis brun.

-Je deviens fou.

-T'avais dit dingue tout à l'heure.

-Et sans indiscrétions, vous êtes venu comment ici ?

-Ben... Tu vois l'otarie dans ''Ace Ventura, détective animalier'' ?

-Quoi ?! Par les WC ?

-Ouais, j'me disais aussi... Ca le fait pas trop. Bon, on a qu'à dire que je me suis téléporté.

-Mais d'où ?

-De là-haut pardi !

-Pardi, pardi, j'en sais rien moi.

-Pardi, pardi, paradis !

-'Content pour vous.

-Paradis, pas d'argent !

-Et vous venez pour quoi, au juste ?

-Je m'ennuyais un peu.

-Comment ça ?

-Y'a le tonton qui me sermonne tout le temps...

-Quoi, il est pas content de votre règne ?

-Il a dit que j'avais tout merdé.

-Bah, faut pas dire ça !

-T'as dit que le Second Empire c'était nazbrock !

-Ouais, mais... vous avez fait des choses biens.

-Du genre ?

-L'Italie ?

-Garibaldi !

-Les retraites ?

-Tartiflette !

-Euh... L'arrêt ''Caisse d'épargne primaire'' de 1856 !

-La Cour de Cassation !

-Bon... Ben.

-Voilà.

-Tenez, vous, vous avez pas tué des milliers de gens pour aller en Russie !

-Tu veux dire ça aux collègues de la Crimée ?

-La Crimée, c'est en Ukraine !

-Je parlais du nombre de morts...

-Ah. Et sans indiscrétions, vous restez là jusqu'à quand ?

-Qu'est-ce qui y'a, je t'emmerde, c'est ça ?

-Avouez que sans être emmerdé, je suis un peu surpris de croiser le premier président de la République sur mon rocking chair !

-Ouais, alors, déjà, j'suis pas top fan de ma présidence, et ton rocking chair, il assure un max. Tu l'as eu où ?

-Sur ebay.

-Ah ouais, ebay, c'est cool ça. Mais, pour les frais de ports ?

-Je suis allé le chercher.

-Beuh... ? Où ça ?

-Dans l'Ariège. A Auterives.

-C'est encore en Haute-Garonne ça.

-Mais... ! Comment vous savez tout ça ? 'Fin, j'veux dire, vous êtes mort depuis plus de cent ans, et vous...

-Tu crois qu'on fait quoi là haut pour passer le temps ?

-Bizarrement, je ne vous pas faire du saute-mouton avec Bismarck.

-Que tu crois ! Non, mais sinon, on aime bien vous voir, vous autres, les mortels.

-Ca vous éclate ?

-Ben, franchement, c'est rigolo.

-Et pourquoi moi ?

-T'es rigolo.

-C'est les mots genre ''babouin'' et ''glaïeul'' qui vous plaisent ?

-Plutôt ''glabouin'' pour être honnête.

-C'est un peu ce que je voulais dire.

-Tu l'as pas dit.

-Ca va durer combien de temps ?!

-Tu veux que je parte ?

-Ben... en même temps, c'est pas tout les jours que je croise un Empereur...

-Des Français !

-Ouais, si vous voulez. Et je suis censé faire quoi moi ?

-Incroyable, qu'est-ce que t'es impoli !

-Je vous demande pardon ?

-Je suis là, assis, je t'attends depuis des heures, et t'es pas foutu de me proposer à boire ?

-Mais je sais même pas ce que vous êtes !

-Napoléon III, Empereur des Français, né le 8 avril...

-Non mais ! Merci !

-Tu demandais.

-Je voulais dire ce que vous êtes... votre matière, là !

-Ma matière ? Les maths !

-Vous le faîtes exprès ?!

-Tu t'exprimes pas très clairement aussi, hein...

-Vous comprenez pas beaucoup !

-Tu veux savoir quoi ?

-Zombie ? Ectoplasme ?

-Aaaah... mais fallait le dire plus tôt.

-Désolé, je maîtrise pas parfaitement mes rencontres avec les morts.

-Trou du glaïeul va ! Tu l'as ta réponse : je suis un mort.

-Merciiiiiii ! Je vous avais confondu avec mon concierge !

-Il est black ton concierge.

-Vous en savez des choses !

-Eh, six ans au Fort de Ham !

 

Bon, là, je deviens vraiment taré.

 

-Tu changes tout le temps, hein ? Dingue, fou, taré, décides toi !

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Délires gnossiens
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